Lettre pastorale du Primat
En la fête de St-Andrew, le 30 novembre 2004
Mes frères et sœurs en Jésus-Christ,
Six mois se sont déjà écoulés depuis mon installation comme Primat et j’aimerais commencer cette lettre pastorale par un mot de remerciement. Depuis le mois juin, j’ai eu plusieurs occasions d’être avec des Anglicanes et des Anglicans partout au pays. Notre Église est bien vivante et témoigne de notre foi et de notre énergie. D’un océan à l’autre, j’ai parlé avec des enfants et des jeunes, des membres du clergé, des personnes laïques, des représentants du gouvernement, des dirigeants autochtones et nos partenaires œcuméniques. Et j’ai découvert des communautés de foi et d’amour qui donnent de l’espoir, grâce à l’évangile de Notre-Seigneur. Je vous remercie de votre ministère et de vos prières à mon égard.
Je vous écris aujourd’hui à la demande de la Chambre des Évêques, qui s’est réunie récemment à Saskatoon, dans un esprit de réconciliation et de convivialité. La Chambre a adopté, à l’unanimité, la publication du Rapport Windsor, l’accueillant avec gratitude, reconnaissant son importance et le recommandant pour étude à l’Église. Une seconde résolution demandait que j’écrive une lettre pastorale pour inviter les gens de notre Église à présenter leurs observations au sujet du rapport.
La Commission qui a publié le rapport a été créée par l’Archevêque de Cantorbéry, Rowan Williams, à la demande des Primats. L’Archevêque Robin Eames d’Armagh, en Irlande, en a assumé la présidence. La Commission comprenait 19 personnes provenant de 14 des 38 provinces de la Communion anglicane et représentant différentes régions et tendances culturelles et théologiques. La révérende chanoine Alyson Barnett-Cowan, directrice du comité Foi, culte et ministère de l’Église anglicane du Canada, était membre de la Commission. Il est extrêmement important de préciser qu’il ne s’agissait pas d’un comité créé pour régler les questions délicates entourant la bénédiction des couples de même sexe. Le mandat de la Commission était de maximiser l’unité au sein de la famille anglicane à travers le monde, en dépit de nos divergences d’opinions. Les recommandations de la Commission ont d’ailleurs été adoptées à l’unanimité.
Le rapport décrit d’abord la relation, appelée « Communion », à laquelle Dieu invite les personnes chrétiennes, et le rapport entre la Communion et la mission de l’Église. Puis, il décrit les difficultés que connaît l’Église anglicane à l’heure actuelle et les tensions qu’elle subit.
La partie suivante traite des principes d’autorité et d’interprétation bibliques. Une des questions délicates qui est soulevée porte sur la façon dont ces principes sont appliqués et que les décisions sont prises, surtout à l’échelle locale. La question de discernement à propos de sujets sur lesquels nous pouvons être en désaccord sans, pour autant, diviser l’Église, est un défi manifeste.
La partie subséquente du rapport comprend des recommandations sur l’avenir de l’Église anglicane à l’échelle mondiale. Elle décrit les Instruments d’unité, surtout le ministère de l’Archevêque de Cantorbéry, et recommande la création d’une alliance anglicane appelée à définir les relations entre les églises membres de la Communion anglicane.
D’autres recommandations s’adressent à l’Église épiscopale (aux É.-U.) et au diocèse canadien de New Westminster, à qui on demande d’exprimer des regrets d’avoir pris des mesures sans consultation suffisante auprès du reste de la Communion. Les auteurs du Rapport invitent l’Église épiscopale à déclarer un moratoire sur l’ordination de toute nouvelle ou tout nouvel évêque qui vit dans une union de même sexe, et recommandent aux évêques de ne pas approuver de Rites publics pour la bénédiction d’unions de même sexe jusqu’à ce qu’un consensus nouveau apparaisse parmi les personnes anglicanes. Une autre recommandation appelle les évêques qui sont intervenus dans d’autres diocèses ou provinces d’exprimer des regrets pour « les conséquences de leurs actions » et de « mettre un moratoire sur d’autres interventions éventuelles ».
Lors de ma dernière webémission, diffusée sur le site de notre Église nationale (www.anglican.ca), j’ai invité l’ensemble des membres de notre Église à me faire part de leurs réflexions à l’égard du Rapport Windsor. Je suis toujours intéressé à obtenir des réactions. Par ailleurs, j’ai invité chaque diocèse à me soumettre une réponse officielle. Ces premières réactions seront intégrées au message que je communiquerai à Belfast, en Irlande du Nord, lors de la réunion de l’ensemble des Primats de la Communion anglicane, en février 2005, et à la réunion du comité consultatif anglican qui aura lieu à Nottingham, en Angleterre, en juin 2005.
Notre Synode général a reconnu l’intégrité et le caractère sacré des relations fidèles et engagées entre personnes de même sexe. Lorsque nous nous rencontrerons au mois de juin 2007, nous devrons tenir compte des résultats des consultations, à l’échelle internationale et du pays, pour éclairer des décisions qui conviennent à la vie de notre Église.
Les Primats qui se sont rassemblés en l’an 2000 ont déclaré être conscients que, ensemble, nous nous tenons debout au pied de la Croix de Jésus-Christ et, qu’en conséquence, nous savons qu’en nous détournant les uns des autres, nous nous détournons aussi de la Croix. L’amour que j’ai pour Notre Seigneur et notre Église m’oblige à traiter ces questions avec détermination, ne cherchant pas à gagner ou à perdre, mais bien à honorer les valeurs de l’évangile que nous partageons. Je prie afin que vous m’accompagniez dans cette démarche.
Je conclus en citant les écrits par l’Archevêque Robin Eames dans l’avant-propos du Rapport Windsor :
« La Commission Lambeth présente ce Rapport, priant et espérant qu’il encourage des niveaux de compréhension plus élevés, élément essentiel à l’avenir de la Communion anglicane. Plus encore, je prie qu’il soit perçu comme une véritable contribution au sens authentique de la Communion aux yeux des personnes anglicanes. » [traduction libre]
Je vous souhaite une belle saison de l’Avent et un Noël rempli de paix et de joie. Je vous prie d’agréer, mes frères et sœurs en Jésus-Christ, l’expression de mes sentiments distingués.
Monseigneur Andrew S. Hutchison
Archevêque et Primat
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